Au Bénin, Le taux d’admission est de 143,24 % au niveau du sexe féminin et de 153,54 % au niveau du sexe masculin, soit en moyenne 148, 40 %. Le taux d’achèvement moyen pour les deux sexes est de 65, 41 %. Pour diverses raisons, des enfants béninois en âge d’être scolarisés abandonnent le chemin de l’école pour l’apprentissage d’un métier.
Les enfants du village d’Atokolibé dans la commune de Bantè, n’échappent guère à ce phénomène. Les métiers prisés sont la couture, la coiffure, la menuiserie, la soudure métallique, la mécanique auto-moto et la vulcanisation. Or l’article 223 du code de l’enfant dispose que l’enfant doit être âgé de 14 révolu et avoir terminé l’enseignement primaire avant d’être admis en apprentissage. La décision de la mise en apprentissage émane presque toujours des parents qui, faute de moyens pour assumer la scolarité de leur enfant, y voient un tremplin pour l’auto-emploi.
Depuis un an, Noé âgé de 12 ans, apprend la maçonnerie auprès de son oncle paternel. Il a été déscolarisé par ses parents alors qu’il passait en classe de CM2. « Je parcours tous les jours des kilomètres à pieds pour me rendre sur les chantiers. Je prépare les mortiers et les sers au patron. Je fais aussi le rapprochement des briques. Pour ne pas ralentir le travail, je prends souvent une à deux briques. Je ne me repose qu’à l’heure de la pause du déjeuner. Mon patron me donne 300 F CFA soit 0, 45 Euro pour les trois repas journaliers. Pendant la saison pluvieuse, je vais travailler avec lui dans son champ témoigne Noé ».
Comme lui, nombreux sont les jeunes enfants de la zone d’intervention de RACINES en âge d’être scolarisés, à se retrouver dans des ateliers pour une formation professionnelle. Âgés de 10, 12 ans, parfois même 8, ils quittent le système scolaire pour l’apprentissage. « Dès que je constate qu’un de mes enfants ne travaille pas à l’école, je l’inscris automatiquement en apprentissage pour qu’il ne perde pas du temps. » a témoigné un parent d’enfant. C’est ce que confirme Monsieur Paul DJIDEME, Directeur à l’école d’Atokolibé A. : « Nous constatons souvent que certains de nos apprenants, malgré qu’ils n’aient pas l’âge requis pour aller en apprentissage, s’y retrouvent malheureusement dans les salons de coiffures, couture et parfois à la maçonnerie. Nos multiples sensibilisation à l’endroit de ses parents pour un changement de comportement n’ont encore rien amélioré ».
L’ignorance des lois sur l’enfant et l’apprentissage cause des préjudices graves et parfois irréversibles aux enfants apprentis. Pour y remédier, Monsieur Tobias GBAGUIDI, Responsable de l’Unité Programme Zou/Collines de RACINES, suggère d’aider les parents à comprendre que plus le niveau d’instruction de l’enfant est élevé, plus il a de chance de mieux organiser son entreprise, une fois l’apprentissage terminé. Il appelle également les garants des Droits de l’Enfant à sensibiliser les populations sur le sujet et aux décideurs publics de prendre leurs responsabilités pour décourager cette pratique. RACINES fait déjà un travail remarquable, mais elle n’a pas le pouvoir de répression a-t-il conclu.
Vidéo réalisée par des enfants bénéficiaires, sous forme de scénette, pour parler de leurs droits :